Il est incontestable que l'être dont les capacités de jouissance sont faibles a le plus de chances de les voir pleinement satisfaites ; et un être très doué sentira toujours que tout bonheur qu'il peut rechercher, tel que le monde est constitué, est imparfait. Mais il peut apprendre à en supporter les imperfections, si tant est qu'elles soient supportables ; et elles ne lui feront pas envier l'être qui est certes inconscient des imperfections, mais seulement parce qu'il ne ressent pas du tout le bien que ces imperfections qualifient.
Il vaut mieux être un être humain insatisfait qu'un porc satisfait ; mieux vaut être Socrate insatisfait qu'un imbécile satisfait. Et si l'imbécile, ou le porc, est d'un avis différent, c'est seulement parce qu'il ne connaît que son propre côté de la question.