L'homme n'est manifestement pas la mesure de toutes choses. L'univers est rempli de mystères. Le fait même de son existence, et de la nôtre, est un mystère absolu, et le seul miracle digne de ce nom. La conscience qui nous anime est elle-même au cœur de ce mystère et constitue le fondement de toute expérience que nous pourrions qualifier de "spirituelle". Il n'est pas nécessaire d'adhérer à un mythe pour communier avec la profondeur de notre situation. Il n'est pas nécessaire d'adorer un Dieu personnel pour vivre dans l'admiration de la beauté et de l'immensité de la création. Il n'est pas nécessaire de répéter des fictions tribales pour nous rendre compte, un beau jour, que nous aimons en fait nos voisins, que notre bonheur est inextricable du leur et que notre interdépendance exige que l'on donne à tous les êtres humains, où qu'ils soient, la possibilité de s'épanouir. Les jours de nos identités religieuses sont clairement comptés. Le fait que les jours de la civilisation elle-même soient comptés semble dépendre, un peu trop, de la rapidité avec laquelle nous nous en rendrons compte.