Qu'est-ce que cela fait d'être vivant ?
Vivant, vous vous trouvez sous une chute d'eau. Vous quittez délibérément le rivage endormi ; vous vous débarrassez de vos vêtements poussiéreux, vous vous frayez un chemin pieds nus sur les rochers hauts et glissants, vous retenez votre souffle, vous choisissez votre point d'appui et vous entrez dans la chute d'eau. L'eau dure vous écrase le crâne, s'abat en morceaux sur vos épaules et vos bras. L'eau forte descend à côté de vous et vous la sentez le long de vos mollets et de vos cuisses, remontant grossièrement, jusqu'à la surface bouillonnante, pleine de bulles qui glissent sur votre peau ou se brisent sur vous à toute vitesse. Peut-on respirer ici ? Ici, là où la force est la plus grande et où seule la force de votre cou retient la rivière loin de votre visage. Oui, on peut respirer, même ici. On peut apprendre à vivre ainsi. Et vous pouvez même, si vous vous concentrez, regarder la rive paisible de l'autre côté où vous essayez de lever les bras. Quel vacarme dans vos oreilles, quel martèlement dispersé ! C'est le temps qui vous martèle, le temps. Savoir que l'on est vivant, c'est regarder de tous les côtés le temps court de sa génération qui s'écoule aussi vite que les rivières dans l'air, et le sentir s'écouler.

Autor: Annie Dillard

Qu'est-ce que cela fait d'être vivant ? <br />Vivant, vous vous trouvez sous une chute d'eau. Vous quittez délibérément le rivage endormi ; vous vous débarrassez de vos vêtements poussiéreux, vous vous frayez un chemin pieds nus sur les rochers hauts et glissants, vous retenez votre souffle, vous choisissez votre point d'appui et vous entrez dans la chute d'eau. L'eau dure vous écrase le crâne, s'abat en morceaux sur vos épaules et vos bras. L'eau forte descend à côté de vous et vous la sentez le long de vos mollets et de vos cuisses, remontant grossièrement, jusqu'à la surface bouillonnante, pleine de bulles qui glissent sur votre peau ou se brisent sur vous à toute vitesse. Peut-on respirer ici ? Ici, là où la force est la plus grande et où seule la force de votre cou retient la rivière loin de votre visage. Oui, on peut respirer, même ici. On peut apprendre à vivre ainsi. Et vous pouvez même, si vous vous concentrez, regarder la rive paisible de l'autre côté où vous essayez de lever les bras. Quel vacarme dans vos oreilles, quel martèlement dispersé ! C'est le temps qui vous martèle, le temps. Savoir que l'on est vivant, c'est regarder de tous les côtés le temps court de sa génération qui s'écoule aussi vite que les rivières dans l'air, et le sentir s'écouler. - Annie Dillard


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