Nous prenons des photos parce que nous ne pouvons pas accepter que tout passe, que la répétition d'un moment est impossible. Nous menons une guerre monotone contre notre propre mort imminente, contre le temps qui transforme les enfants en cette autre espèce, moins importante, que sont les adultes. Nous prenons des photos parce que nous savons que nous oublierons. Nous oublierons la semaine, le jour, l'heure. Nous oublierons le moment où nous avons été le plus heureux. Nous prenons des photos par fierté, par désir de préserver le meilleur de nous-mêmes. Nous craignons de mourir sans que les autres sachent que nous avons vécu.