J'ai un bon ami dans l'Est qui vient à mes concerts et qui me dit : vous chantez beaucoup sur le passé, vous ne pouvez pas vivre dans le passé, vous savez. Je lui réponds que je peux aller dehors et ramasser une pierre qui est plus vieille que la plus ancienne chanson que vous connaissez, la ramener ici et la laisser tomber sur votre pied. Le passé n'a pas disparu, n'est-ce pas ? J'ai toujours pensé que ceux qui me disaient que je ne pouvais pas vivre dans le passé essayaient de me faire oublier quelque chose qui, si je m'en souvenais, leur causerait de sérieux ennuis. Non, ce truc des années 50, 60, 70, 90, cette idée d'emballage des décennies, les choses ne se passent pas comme ça. La guerre du Viêt Nam a commencé en 1965 et s'est terminée en 1975 - quel est le rapport avec les décennies ? Non, ce conditionnement du temps est une commodité pour les journalistes, qu'ils utilisent pour banaliser et rejeter des événements et des idées importants. Je m'en défie.
