À la base, la logique de la "méritocratie" est sans faille : placer les personnes les plus qualifiées et les mieux équipées aux postes les plus importants et les plus responsables... Mais mon principal argument est que notre fidélité quasi religieuse au modèle méritocratique s'accompagne d'énormes coûts. Nous surestimons les avantages de la méritocratie et sous-estimons ses coûts, parce que nous ne réfléchissons pas suffisamment aux conséquences de l'inégalité qu'elle engendre. En tant qu'Américains, nous tenons pour acquis que des niveaux de réussite inégaux sont naturels, voire souhaitables. Le sociologue Jermole Karabel, dont les travaux portent sur la formation des élites, a déclaré un jour qu'il "ne pensait pas qu'une démocratie avancée soit aussi obsédée par l'égalité des chances ou aussi peu préoccupée par l'égalité des conditions" que les États-Unis. Tel est notre problème central. Et la solution que je propose pour corriger les excès de notre version extrême de la méritocratie est très simple : rendre l'Amérique plus égalitaire
