Épuisé par cette torture de la pensée, je me suis agenouillé. La nuit était venue, et ses planètes étaient levées : une nuit sûre et tranquille, trop sereine pour être accompagnée de la peur. Nous savons que Dieu est partout, mais nous ressentons certainement le plus sa présence lorsque ses œuvres s'étalent devant nous à la plus grande échelle ; et c'est dans le ciel nocturne dégagé, où ses mondes suivent leur cours silencieux, que nous percevons le plus clairement son infinité, sa toute-puissance et son omniprésence. Je m'étais agenouillée pour prier pour M. Rochester. En levant les yeux, j'ai vu, les yeux embués de larmes, la puissante Voie lactée. Me souvenant de ce qu'elle était, des innombrables systèmes qui balayaient l'espace comme une douce trace de lumière, je ressentis la puissance et la force de Dieu. J'étais sûr de son efficacité pour sauver ce qu'il avait fait : j'étais convaincu que la terre ne devait pas périr, ni aucune des âmes qu'elle abritait. Je transformai ma prière en action de grâces : la source de la vie était aussi le sauveur des esprits. M. Rochester était en sécurité : il appartenait à Dieu, et c'est par Dieu qu'il serait gardé.