Et tout est devenu si écrasé, si écrasé, qu'il est impossible de le dire. Un baron, par exemple, a plus de mille âmes, et dans sa cour il n'y a que dix ou quinze personnes, et ce n'est même pas une cour. Un petit chenil, pas de musiciens, pas de chanteurs, et quant aux dames du barreau, aux bouffons, aux nains, aux Arapes, aux véloces, aux muets, aux Kalmouks - ainsi, je pense, qu'aucun barin n'a plus de barin même dans sa fabrique ; ils sont tous devenus de petits propriétaires terriens. Je suppose, monsieur, qu'il n'est guère possible de trouver aujourd'hui un cocher capable de mettre une voiture dans un remorqueur. Ils sont tous en couple, ou marchands de petits rangs.... Et la loi dit qu'un porteur de pilier doit monter dans une voiture à six hommes. A quoi sert une voiture à six ? - Ils en sont arrivés à une telle honte qu'on ne peut même pas savoir : on met un cheval kutsu dans une voiture à un cheval de Chukhonsky, et le valet de pied s'assoit avec le baron à côté de lui, les mains croisées, et les rênes du baron dans ses mains. C'est même dégoûtant à regarder. C'est l'humiliation à laquelle ils sont arrivés. Et même si ce n'était pas pour la nécessité de ne rien faire, - mais non : ils voulaient le faire eux-mêmes.... Vous pourriez dire, monsieur, qu'il n'y a pas de noblesse du tout, Dieu seul sait ce que cela signifie... Que sont devenus les autres nobles ? Ils ont commencé à faire du commerce, ils ont épousé des marchands, ils ont tenu leurs propres livres de comptes... Vous êtes un homme intelligent, mais pour l'amour du ciel, est-ce que c'est une affaire de noble ? Même s'ils en tiraient une quelconque richesse ; et ce n'est pas le cas - tous ont perdu leur argent, chacun doit un siècle, et il n'y a pas de paiement...