Le camion n'est plus qu'un point. Je suis seul. Les montagnes m'apparaissent plus sévères. Le paysage se révèle, intense. Le pays me saute au visage. c'est fou ce que l'homme accapare l'attention de l'homme. La présence des autres affadit le monde. La solitude est cette conquête qui rend jouissance des choses.
Il fait -33°. Le camion s'est fondu à la brume. Le silence descend du ciel sous la forme de petits copeaux blancs. Être seul, c'est entendre le silence. Une rafale. Le grésil brouille la vue. Je pousse un hurlement. J'écarte les bras, tends mon visage au vide glacé et rentre au chaud.
J'ai atteint le débarcadère de ma vie.
Je vais enfin savoir si j'ai une vie intérieure.

Autore: Sylvain Tesson

Le camion n'est plus qu'un point. Je suis seul. Les montagnes m'apparaissent plus sévères. Le paysage se révèle, intense. Le pays me saute au visage. c'est fou ce que l'homme accapare l'attention de l'homme. La présence des autres affadit le monde. La solitude est cette conquête qui rend jouissance des choses.<br />Il fait -33°. Le camion s'est fondu à la brume. Le silence descend du ciel sous la forme de petits copeaux blancs. Être seul, c'est entendre le silence. Une rafale. Le grésil brouille la vue. Je pousse un hurlement. J'écarte les bras, tends mon visage au vide glacé et rentre au chaud.<br />J'ai atteint le débarcadère de ma vie.<br />Je vais enfin savoir si j'ai une vie intérieure. - Sylvain Tesson




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