On fréquente les gens pendant des années, parfois des dizaines d'années, en s'habituant peu à peu à éviter les questions personnelles et les sujets réellement importants ; mais on garde l'espoir que plus tard, dans des circonstances plus favorables, on pourra justement aborder ces sujets, ces questions ; la perspective indéfiniment repoussée d'un mode de relation plus humain et plus complet ne s'efface jamais tout à fait, simplement parce que c'est impossible, parce qu'aucune relation humaine ne s'accommode d'un cadre définitivement étroit et figé. La perspective demeure, donc, d'une relation "authentique et profonde" ; elle demeure pendant des années, parfois des dizaines d'années, jusqu'à ce qu'un événement définitif et brutal (en général de l'ordre du décès) vienne vous apprendre qu'il est trop tard, que cette relation "authentique et profonde" dont on avait caressé l'image n'aurait pas lieu, elle non plus, pas davantage que les autres. (Les particules élémentaires, 3e partie, chapitre 1)
Michel HouellebecqTag: intimacy workplace colleagues
Finalement, le plus grand bénéfice du métier d'humoriste, et plus généralement de l'attitude humoristique, dans la vie, c'est de pouvoir se comporter comme un salaud en toute impunité, et même de pouvoir grassement rentabiliser son abjection, en succès sexuels comme en numéraire, le tout avec l'approbation générale. (La possibilité d'une île, Daniel 1,1)
Michel HouellebecqUne très jolie jeune fille, traitée avec des égards constants et des attentions démesurées par l'ensemble de la population masculine, y compris par ceux - l'immense majorité - qui n'ont plus aucun espoir d'en obtenir une faveur d'ordre sexuel, et même à vrai dire tout particulièrement par eux, avec une émulation abjecte confinant chez certains quinquagénaires au gâtisme pur et simple, une très jolie jeune fille devant qui tous les visages s'ouvrent, toutes les difficultés s'aplanissent, accueillie partout comme si elle était la reine du monde, devient naturellement une espèce de monstre d'égoïsme et de vanité autosatisfaite. La beauté physique joue ici exactement Ie même rôle que la noblesse de sang sous l'Ancien Régime, et la brève conscience qu'elles pourraient prendre à l'adolescence de l'origine purement accidentelle de leur rang cède rapidement la place chez la plupart des très jolies jeunes filles à une sensation de supériorité innée, naturelle, instinctive, qui les place entièrement en dehors, et largement au-dessus du reste de l'humanité. Chacun autour d'elle n'ayant pour objectif que de lui éviter toute peine, et de prévenir Ie moindre de ses désirs, c'est tout uniment (sic) qu'une très jolie jeune fille en vient à considérer Ie reste du monde comme composé d'autant de serviteurs, elle-même n'ayant pour seule tâche que d'entretenir sa propre valeur érotique - dans l'attente de rencontrer un garçon digne d'en recevoir l'hommage. La seule chose qui puisse la sauver sur le plan moral, c'est d'avoir la responsabilité concrète d'un être plus faible, d'être directement et personnellement responsable de la satisfaction de ses besoins physiques, de sa santé, de sa survie - cet être pouvant être un frère ou une soeur plus jeune, un animal domestique, peu importe. (La possibilité d'une île, Daniel 1,15)
Michel HouellebecqTag: teenager pretty-girl
Esther n'était certainement pas bien éduquée au sens habituel du terme, jamais l'idée ne lui serait venue de vider un cendrier ou de débarrasser le relief de ses repas, et c'est sans la moindre gêne qu'elle laissait la lumière allumée derrière elle dans les pièces qu'elle venait de quitter (il m'est arrivé, suivant pas à pas son parcours dans ma résidence de San Jose, d'avoir à actionner dix-sept commutateurs); il n'était pas davantage question de lui demander de penser à faire un achat, de ramener d'un magasin où elle se rendait une course non destinée à son propre usage, ou plus généralement de rendre un service quelconque. Comme toutes les très jolies jeunes filles elle n'était au fond bonne qu'à baiser, et il aurait été stupide de l'employer à autre chose, de la voir autrement que comme un animal de luxe, en tout choyé et gåté, protégé de tout souci comme de toute tâche ennuyeuse ou pénible afin de mieux pouvoir se consacrer à son service exclusivement sexuel. Elle n'en était pas moins très loin d'être ce monstre d'arrogance, d'égoïsme absolu et froid, au, pour parler en termes plus baudelairiens, cette infernale petite salope que sont la plupart des très jolies jeunes filles; il y avait en elle la conscience de la maladie, de la faiblesse et de la mort. Quoique belle, très belle, infiniment érotique et désirable, Esther n'en était pas moins sensible aux infirmités animales, parce qu'elle les connaissait ; c'est ce soir-là que j'en pris conscience, et que je me mis véritablement à l'aimer. Le désir physique, si violent soit-il, n'avait jamais suffi chez moi à conduire à l'amour, il n'avait pu atteindre ce stade ultime que lorsqu'il s'accompagnait, par une juxtaposition étrange, d'une compassion pour l'être désiré ; tout être vivant, évidemment, mérite la compassion du simple fait qu'il est en vie et se trouve par là-même exposé à des souffrances sans nombre, mais face à un être jeune et en pleine santé c'est une considération qui paraît bien théorique. Par sa maladie de reins, par sa faiblesse physique insoupçonnable mais réelle, Esther pouvait susciter en moi une compassion non feinte, chaque fois que l'envie me prendrait d'éprouver ce sentiment à son égard. Étant elle-même compatissante, ayant même des aspirations occasionnelles à la bonté, elle pouvait également susciter en moi l'estime, ce qui parachevait l'édifice, car je n'étais pas un être de passion, pas essentiellement, et si je pouvais désirer quelqu'un de parfaitement méprisable, s'il m'était arrivé à plusieurs reprises de baiser des filles dans l'unique but d'assurer mon emprise sur elles et au fond de les dominer, si j'étais même allé jusqu'à utiliser ce peu louable sentiment dans des sketches, jusqu'à manifester une compréhension troublante pour ces violeurs qui sacrifient leur victime immédiatement après avoir disposé de son corps, j'avais par contre toujours eu besoin d'estimer pour aimer, jamais au fond je ne m'étais senti parfaitement à l'aise dans une relation sexuelle basée sur la pure attirance érotique et l'indifférence à l'autre, j'avais toujours eu besoin, pour me sentir sexuellement heureux, d'un minimum - à défaut d'amour - de sympathie, d'estime, de compréhension mutuelle; l'humanité non, je n'y avais pas renoncé. (La possibilité d'une île, Daniel 1,15)
Michel HouellebecqTag: love compassion feeling carefree pretty-girl
Bruno bir birey sayılabilir miydi? Organlarının çürümesi onun sorunuydu, fiziksel çöküşü ve ölümü bireysel olarak yaşayacaktı. Öte yandan yaşama hazcı açıdan bakışı, bilincini yapılandıran etki alanları ve arzuları onun tüm kuşağına özgüydü. Deneysel bir hazırlık yapılması ve bir ya da daha çok gözlenebilir öğenin seçimi, atomik bir dizgenin - kimi zaman cisimsel, kimi zaman dalgalı- belli bir davranış biçimi kazanmasını sağlıyorsa, Bruno da bir birey gibi görülebilir, ama başka bir açıdan da, yalnızca, tarihsel bir açılımın edilgen bir öğesidir. Güdülenmeleri, değerleri, arzuları: bunların hiçbiri, çok az da olsa, onu çağdaşlarından ayıran özellikler değil. Yoksunluk içindeki bir hayvanın ilk tepkisi, genellikle, var gücüyle hedefine ulaşmaktır. Örneğin, aç bir tavuk, yem yemesi kafesle engellendiğinde, giderek artan çılgınlıkta bir çaba harcayarak bu kafesin öte yanına geçmeye çabalar. Ama yavaş yavaş, bu davranışın yerini, görünüşte amaçsız bir davranış alır. Örneğin güvercinler aradıkları yemi bulamazlarsa, yiyecek bir şey bulunmayan yeri sürekli olarak gagalarlar. Yalnızca boşu boşuna gagalamakla kalmazlar, sürekli olarak kanatlarını da temizlerler.
Michel HouellebecqNot having anything around to read is dangerous: you have to content yourself with life itself, and that can lead you to take risks.
Michel HouellebecqNo subject is more touched on than love, in the human life stories as well as in the literary corpus they have left us... No subject, either, is as discussed, as controversial, especially during the final period of human history, when the cyclothymic fluctuations concerning the belief in love became constant and dizzying. In conclusion, no subject seems to have preoccupied man as much; even money, even the satisfaction derived from combat and glory, loses by comparison, its dramatic power in human life stories. Love seems to have been, for humans of the final period, the acme and the impossible, the regret and the grace, the focal point upon which all suffering and joy could be concentrated.
Michel HouellebecqLa alegría es una emoción intensa y profunda, un sentimiento exaltante de plenitud experimentado por la conciencia; se puede comparar con la embriaguez, con el arrebato, con el éxtasis.
Michel HouellebecqThe night is far spent, the day is at hand: let us therefore cast off the works of darkness, and let us put on the armour of light.
Michel HouellebecqAll in all, I was harking back to the Ancient Greeks. When you get old, you always hark back to the Ancient Greeks.
Michel HouellebecqTag: humor the-possibility-of-an-island
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