La mémoire garde trace de chaque étape d'un voyage au long cours. Comme si le mouvement avait le rôle d'un fixateur de souvenirs ou que le temps, lorsqu'il était mesuré par le défilement de l'espace, ne se dissolvait plus dans l'oubli. La route intensifie les événements de la vie.
Sylvain TessonTag: voyage temps route espace
A tout moment, des phoques émergent et fixent la rive. Ils contrôlent que le monde est toujours en place, vérifient qu'ils ont bien fait de choisir les profondeurs.
Sylvain TessonLes canards, eux, évoquent la stabilité du ménage bourgeois. Ils glissent endimanchés, deux par deux, saluant légèrement de la tête les autres couples.
Sylvain TessonRegrets et découragements dansent un sabbat sorcier dans ma boite en os.
Sylvain TessonMi ero ripromesso che prima dei quarant'anni avrei vissuto da eremita nei boschi. Sono andato a stare per sei mesi in una capanna siberiana, sulla sponda del lago Bajkal (...). D'inverno temperature di meno trenta gradi, d'estate gli orsi in riva al lago. Insomma, un paradiso. Mi sono portato libri, sigari e vodka. Il resto - spazio, silenzo e solitudine - c'era già.
Sylvain TessonEt dans mon kiosque d'aiguilles qui procure une illusion de chaleur, je regarde le puits noir du lac. La masse de glace m'apparait comme un creuset cauchemardesque. Je perçois la force à l'oeuvre sous ce couvercle. Dans le caveau, un univers grouille de bêtes qui broient, dévorent et sectionnent. Dans les profondeurs, des éponges balancent lentement leurs branches. Des coquillages enroulent leurs spires, battant la mesure du temps et créent des bijoux de nacre en forme de constellation. Des silures monstrueux rôdent dans les vasières. Des poissons carnassiers migrent vers la surface pour le festin nocturne et les holocaustes de crustacés. Des bancs d'ombles tracent leurs chorégraphies benthiques. Des bactéries barattent les scories, les digèrent, purifient l'eau. Ce morne malaxage s'opère en silence, sous le miroir où les étoiles n'ont même pas la force de se refléter.
Sylvain TessonIl est bon de n'avoir pas à alimenter une conversation. D'où vient la difficulté de la vie en société? De cet impératif de trouver toujours quelque chose à dire.
Sylvain TessonTesson évoquant les livres qu'il compte lire durant son ermitage: "Quelques guides naturalistes de la collection Delachaux et Niestlé sur les oiseaux, les plantes et les insectes. La moindre des choses quand on s'invite dans les bois est de connaître le nom de ses hôtes. L'affront serait l'indifférence. Si des gens débarquaient dans mon appartement pour s'y installer de force, j'aimerais au moins qu'ils m'appelassent par mon prénom.
Sylvain TessonLe camion n'est plus qu'un point. Je suis seul. Les montagnes m'apparaissent plus sévères. Le paysage se révèle, intense. Le pays me saute au visage. c'est fou ce que l'homme accapare l'attention de l'homme. La présence des autres affadit le monde. La solitude est cette conquête qui rend jouissance des choses.
Il fait -33°. Le camion s'est fondu à la brume. Le silence descend du ciel sous la forme de petits copeaux blancs. Être seul, c'est entendre le silence. Une rafale. Le grésil brouille la vue. Je pousse un hurlement. J'écarte les bras, tends mon visage au vide glacé et rentre au chaud.
J'ai atteint le débarcadère de ma vie.
Je vais enfin savoir si j'ai une vie intérieure.
La vie dans les bois n'est pas une solution aux problèmes écologiques. Le phénomène contient son contre-principe. Les masses, gagnant les futaies, y importeraient leurs maux qu'elles prétendaient fuir en quittant la ville. On n'en sort pas.
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